L’heure est déjà à l’urgence au Stade Brestois
Les trois défaites consécutives en Ligue 1 ont mis en évidence les faiblesses du Stade Brestois. Déjà dans une position inquiétante en championnat, le club de la cité du Ponant paye un mercato low-cost contraint par les restrictions budgétaires. Pour ne rien arranger, certaines recrues ne sont pas prêtes ou en méforme.
Des lendemains qui déchantent. Ce que le mercato avait laissé pressentir, le terrain le confirme. Après 4 journées de Ligue 1, le Stade Brestois n’a pas le bonnet d’âne, mais c’est tout comme. Avec déjà trois défaites (consécutives) pour un match nul obtenu lors de la 1ère journée (3-3 face au LOSC), il y a déjà urgence de points. Seul Metz fait moins bien en ce début de saison. Et encore, ça se joue au nombre de buts marqués (10 contre 8 pour les Grenats). Comptablement, ça ne va pas fort et dans le jeu, il y a de quoi être inquiet pour la suite. Il y a un an tout pile, les Finistériens découvraient la Ligue des Champions par une victoire contre Sturm Graz. Que cela semble lointain.
La prestation le week-end dernier contre le Paris FC a (re)mis en évidence les manques du moment, défensifs notamment. «Dix buts en quatre matchs, ce ne sont pas des bons signes», résumait Eric Roy. L’entraîneur doit faire avec les moyens du moment. Les recrues Lucas Tousart et Junior Dina-Ebimbe ne sont pas prêtes. Le premier est blessé à la cuisse pour quelques semaines quand le second a un gros retard physique après avoir été écarté de la préparation à l’Eintract Francfort. Il devrait toutefois être dans le groupe pour ce week-end. Avec la suspension d’Hugo Magnetti contre le promu, Roy n’a pas eu d’autre choix que de lancer le jeune Hamidou Makalou au milieu, intégré au onze pour la première fois de sa carrière. «J’avais trois milieux à disposition».
Un mercato peu ambitieux, des recrues en méforme et blessées
Le bizuth n’a pas été ridicule, loin de là, mais son cas illustre la très faible profondeur de banc. Pour ne rien arranger, Mama Baldé s’est blessé contre les Parisiens (il est absent 4 à 6 semaines) et a dû céder sa place à la pause à Pathé Mboup, autre novice à ce niveau. Pour sa première en Ligue 1, l’ancien Palois a lui aussi rendu une copie encourageante. En défense centrale, le jeune Junior Diaz célébrait seulement la 2e titularisation de sa carrière à ce niveau. L’inexpérience se voit, alors que Radoslaw Majecki, prêté par Monaco et censé être le numéro un dans les buts cette saison, purge son second match de suspension ce samedi pour la réception de Nice. Le Polonais n’a pas vraiment rassuré pour ses débuts.
L’apprentissage de la vie sans Pierre Lees-Melou, Mahdi Camara et Marco Bizot, trois joueurs essentiels de ces dernières saisons, est difficile. Le mercato et le précaire équilibre financier du SB29 n’a pu permettre de maintenir un certain niveau, du moins pas encore puisque les recrues ne sont pas encore au point. «On est le genre de club à aller chercher des joueurs d’un niveau d’une compétition inférieure, se défendait Grégory Lorenzi après un mercato jugé décevant par les supporters. Il faut que les gens comprennent qu’on n’a pas la capacité à acheter des joueurs à 3, 4, 5 M€. L’objectif, c’est d’aller chercher des joueurs qui n’ont pas forcément des prix trop excessifs, mais qui peuvent avoir une marge de progression».
L’argent de la Ligue des Champions en question
Rare dans les médias, le président Denis Le Saint a tenu à jouer la transparence dans un communiqué en expliquant au tableau noir les difficultés économiques de son club, alors que 50 M€ ont été récupérés grâce à la Ligue des Champions. «La moitié de ces gains a été alors utilisée pour augmenter le budget de la saison afin d’être compétitif (augmentation de la masse salariale + primes + charges), soutient le Breton. Nos revenus liés aux droits TV nationaux versés par la LFP, sont passés de 42,5M€ en 2023/24 (comprenant 15M€ de droits TV + 11 M€ de prime au classement + 16,5 M€ du dernier versement de CVC), à 8,7 M€ en 2024/2025, et à 4,5 M€ (droits TV domestiques et internationaux) sur l’exercice 2025/26».
Dans l’immédiat, l’argent de la C1 a surtout servi "à remplacer" les recettes asséchées des droits TV de la Ligue 1, en baisse de 89 %. À plus long terme, une partie de ces revenus ont été investis dans l’Arkéa Park, le nouveau stade qui doit voir le jour en 2028. «Le passé nous a montré que nous pouvions accomplir de grandes choses avec un budget limité. Je sais que les supporters brestois aimeraient voir le club grandir encore davantage, mais la conjoncture actuelle nous oblige à rester prudents et à poser des bases solides pour l’avenir». Une réaction est attendue le plus vite possible sous peine d’envisager cet avenir à l’étage du dessous. Après Nice, il y aura des rendez-vous à Angers, puis Nantes à Francis-Le Blé avant d’aller à Lorient, trois équipes destinées à lutter pour leur maintien.