Le Ballon d’Or peut-il échapper à Ousmane Dembélé ?
C’est ce lundi que sera décerné le 68e Ballon d’Or de l’histoire. Nommé pour la première fois à 28 ans, Ousmane Dembélé apparaît comme le grand favori en compagnie de Lamine Yamal. À quelques heures de la remise du trophée, notre rédaction évalue les chances du Parisien face à son rival.

L’ère Messi/Ronaldo est révoquée. Il faut maintenant désigner le Ballon d’Or à travers un plus large panel de joueurs. Depuis 2023 et la dernière victoire de la Pulga, le monde du football n’est plus aussi binaire. Plusieurs candidats se dessinent, même si au fur et à mesure que la saison avance, les décisions s’affinent. Cette fois, c’est Ousmane Dembélé qui fait figure de favori avec Lamine Yamal. La victoire en Ligue des Champions, la quantité de trophées remportés et la démonstration collective du PSG auraient dû suffire à limiter tout suspense. Pas cette saison, et pour cause, le Français a en face de lui un joueur générationnel. Le Barcelonais a sans doute vécu une saison moins linéaire, mais il est tellement talentueux et monte en gamme quand la pression se fait sentir. Foot Mercato a pesé le pour et le contre quant aux chances de voir Dembélé succéder à Rodri au Ballon d’Or.
Oui, ce Ballon d’Or peut lui échapper
Pour plusieurs raisons. Il faut déjà se rappeler qu’il n’a pas fait une saison pleine. Or, c’est justement l’un des nouveaux critères de cette récompense basée non plus sur l’année civile, mais sur l’exercice qui vient de s’écouler. Jusqu’à la 14e journée de Ligue 1, l’attaquant n’avait inscrit que 5 buts, pour tout de même 6 passes décisives. On percevait déjà sa progression statistique par rapport à son passé de joueur, mais pas de là à en faire un candidat crédible au trophée. En Ligue des Champions, c’est encore pire, il a dû attendre la 7e journée de la première phase pour ouvrir son compteur. On se rappelle par exemple sa mise à l’écart à Arsenal. C’est à partir de décembre qu’il est devenu inarrêtable. Les règles du Ballon d’Or ne le favorisent pas vraiment non plus. Il y en a trois essentielles à retenir avant de voter. D’abord les performances individuelles, notamment le caractère décisif et impressionnant des joueurs, puis les performances collectives, avec les trophées remportés par le club et/ou la sélection, et enfin la carrière, le fair-play et le style de jeu. C’est probablement ce dernier critère qui a empêché Vinícius Júnior d’être sacré l’an dernier. Là-dessus, Dembélé n’a rien à envier à la concurrence, ce qui n’est pas forcément vrai pour le côté "impressionnant" face à Lamine Yamal. Et puis la sélection pêche, surtout qu’il y a eu cette confrontation directe en demi-finale de la Ligue des Nations, brillamment remportée par une Espagne emmenée par son intenable prodige face aux Bleus d’un Dembélé sorti sur blessure.
C’est l’autre point noir de la candidature de "Dembouz", cette concurrence incarnée par le génial Barcelonais. Statistiquement, le Parisien l’emporte, et assez largement même, seulement il faut bien avouer une chose : le gamin de 18 ans est actuellement le meilleur joueur du monde. Il possède une qualité technique comme nul autre pareil, une capacité à conduire le ballon, à faire tomber n’importe quel défenseur, une vista et une coordination sans égal en plus d’être spectaculaire. Il n’y a qu’à relire les déclarations des joueurs de l’Inter Milan, pourtant vainqueurs, après la demi-finale contre le Barça au printemps, pour avoir un aperçu du talent de Lamine Yamal. Espagnol d’origine marocaine, il pourrait aussi bénéficier du vote hispanophile, et pourquoi pas de certains journalistes africains, notamment maghrébins. Au petit jeu de la localité et de l’origine, un autre candidat devrait pouvoir tirer son épingle du jeu : Achraf Hakimi. Il est le second favori naturel du PSG grâce à sa grandiose saison et, paradoxalement, cela pourrait aller à l’encontre de Dembélé. Le joueur de 28 peut craindre une dilution des votes dans les autres Parisiens nommés au Ballon d’Or, Hakimi en premier lieu, mais aussi Vitinha, et dans une moindre mesure Donnarumma, Doué, Ruiz, Hakimi, Neves, Kvaratskhelia et Nuno Mendes. Ils sont neufs du PSG, soit une représentation record partagée avec le Real Madrid 2018, quand les Blaugranas ne sont que 4 (Yamal, Lewandowski, Raphinha et Pedri).
Non, ce Ballon d’Or ne peut pas lui échapper
Les hommes mentent, pas les chiffres. 35 buts et 16 passes décisives en 53 apparitions toutes compétitions confondues (18 buts, 25 passes en 55 matchs pour Yamal). Rien qu’en Ligue des Champions, c’est 8 réalisations pour 6 offrandes. À partir du 8e de finale retour, Dembélé est décisif à tous les matchs, jusqu’à être impliqué sur 3 des 5 buts en finale. Certes, il n’a pas marqué face à l’Inter, mais il est celui qui a enfin permis au PSG de soulever la coupe aux grandes oreilles. Niveau trophée, on ne peut pas faire mieux, surtout qu’il vient s’ajouter à la Ligue 1, à la Coupe de France, au Trophée des Champions et même à la Supercoupe d’Europe. Seul le Mondial des Clubs lui a résisté en échouant en finale contre Chelsea, au terme d’une compétition où le succès contre le Real Madrid 4-0 reste dans les mémoires. L’ancien Rennais s’est même offert une petite cerise sur le gâteau en terminant meilleur buteur du championnat de France avec 21 réalisations. Autrefois critiqué pour ses statistiques inversement proportionnelles à son talent, il a cette fois corrigé le tir de manière spectaculaire. On peut affirmer qu’on ne l’attendait plus à son âge. Il serait toujours ce joueur pétri de qualités et trop intermittent pour se hisser au sommet. La méthode Luis Enrique est passée par là et a fait de lui un élément majeur, qui postule plus que jamais au Ballon d’Or.
Non seulement le coach espagnol est parvenu à transformer l’individualité, mais également le collectif. Le début de saison avait été laborieux, mis à mal par un manque de réalisme offensif criant dont Dembélé était la parfaite illustration. Tout s’est débloqué à l’hiver, notamment quand il a quitté le flanc droit pour prendre la pointe de l’attaque. Avec Barcola, Kvaratskhelia et Doué à ses côtés, la ligne offensive s’est transformée en un maelström imprévisible pour l’adversaire, avec en point d’orgue cette finale à Munich. Une orchestration collective parfaite guidée par le favori au Ballon d’Or. Dans cette équipe, tout le monde attaque et tout le monde défend pour inscrire 168 buts en 65 matchs sur l’ensemble de la saison. À ce titre, le critère des performances collectives cité plus haut est à l’avantage du natif de Vernon. Personne n’a oublié son visage déterminé pour aller presser Yann Sommer dans sa surface. C’est même de là que le chant des supporters parisiens "Ousmane Ballon d’Or" est né. Cette faculté à presser et à défendre, lui-même ne la connaissait pas, il y a encore quelques mois. Le numéro 10 parisien est devenu un homme tout-terrain et tant pis s’il ne marque pas. Son sens du sacrifice sert le collectif, et servir le collectif, c’est le servir lui dans sa précieuse quête dont le Grââl se trouve au théâtre du Châtelet lundi soir.
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