Pourquoi Newcastle n'enflamme pas le mercato estival ?

Par Josué Cassé
5 min.
Une des façades de St James' Park, le stade de Newcastle @Maxppp

Devenu le club le plus riche du monde, Newcastle reste pourtant loin des clubs les plus dépensiers au cours de ce mercato estival. Une discrétion qui interpelle de nombreux observateurs. Explications.

«La richesse est un voile qui couvre bien des plaies», assurait Ménandre, auteur dramatique athénien que les critiques de l'Antiquité considéraient comme le plus grand poète de la nouvelle comédie. Dans son antre du St. James' Park, Newcastle débutera, ce samedi à 16 heures, sa saison face à Nottingham Forest, tout juste promu en Premier League et auteur d'un mercato estival complètement dingue. Pourtant, entre Toons et Reds, c'est bien dans le Tyneside que les recrues devaient s'empiler les unes après les autres. Que nenni. Si la formation entraînée par Steve Cooper - dans la course pour Houssem Aouar - a d'ores et déjà dépensé près de 95 millions d'euros en s'offrant Orel Mangala, Lewis O'Brien ou encore le joli coup Jesse Lingard - arrivé librement - les Magpies peinent, quant à eux, à chambouler la planète mercato.

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Un mercato estival décevant !

Végétant dans les bas-fonds de la Premier League une bonne partie de la saison passée - le club du Nord-Est de l'Angleterre occupait la dix-huitième place et ne comptait que 15 petits points après 21 journées - Newcastle, racheté pour la somme de 352 M€ par le Fonds souverain d'Arabie saoudite (PIF), s'était pourtant montré plutôt très actif lors de la dernière fenêtre hivernale. En janvier dernier et pour plus de 100 millions d'euros, Bruno Guimarães, Kieran Trippier, Chris Wood, Dan Burn ou encore Matt Targett, prêté par Aston Villa, étaient ainsi venus aider dans la délicate mission maintien. Si cette première salve d'arrivées s'est avérée gagnante - les Toons terminant l'exercice 2021-2022 à la onzième place - le nouveau mercato d'été était très attendu du côté de NUFC. Pourtant, les fans tombent de haut et Newcastle est en pleine galère.

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À l'heure où l'on écrit ces lignes, la formation anglaise ne compte, en effet, que trois petites recrues. En plus de Matt Targett, dont l'option d'achat a été levée cet été pour 17 M€, les dirigeants de Newcastle ont attiré Nick Pope pour 11 M€, lequel descendait en Championship avec Burnley, et Sven Botman, acheté pour près de 40 M€ au LOSC. Et puis c'est tout. Si ce mercato est encore loin d'être terminé et que les Toons continuent de multiplier les cibles, à l'image de Jack Harrison, James Maddison ou encore Maxwel Cornet, sur le point de rejoindre West Ham, force est de constater que malgré leurs quasiment 70 M€ dépensés cet été, les Magpies connaissent un creux en cette période.

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Newcastle face à ses limites !

Incapables d'attirer des joueurs de renom pour prendre le lead de leur projet malgré leur statut de club le plus riche du monde, les richissimes propriétaires saoudiens déçoivent et font face à une réalité implacable : l'argent ne fait pas tout dans le football. Doté de moyens quasi illimités, Newcastle ne fait, en effet, pas rêver sportivement. «Rappelez-vous de cette fameuse vanne dans l’avion entre Griezmann et Mbappé, sur Football Manager où il dit ‘ah tiens je t’ai fait signer à Newcastle’ et la première réaction c’est ‘ah il fait froid là-bas’. Newcastle c’est ça aussi, tu n'as rien pour attirer, nous on connaît Newcastle parce que tu as Ginola qui y a joué mais ce n’est pas la folie non plus. C’est simple, ce qui va attirer les joueurs là-bas, c’est l’effet Premier League, l’effet salaire et puis le fait de se dire je participe, peut-être, à un projet qui risque d’être gagnant dans trois ou quatre ans», nous affirmait, en ce sens, Jean-Baptiste Guégan, spécialiste de la géopolitique du sport.

Au-delà de sa faible attractivité où le club du Tyneside ne peut, aujourd'hui, pas rivaliser avec des formations telles que le Paris Saint-Germain, le Real Madrid ou encore Manchester City - qui plus est à quelques mois de la Coupe du Monde - le projet global des Magpies interroge également et peut expliquer ce mercato décevant. Ainsi, malgré l'arrivée récente de Dan Ashworth, nouveau directeur sportif des Toons qui occupait ces fonctions à Brighton jusqu'en février dernier, Newcastle manque encore de personnalités d'expérience pour séduire des recrues potentielles. Arrivé en novembre dernier sur le banc pour remplacer Steve Bruce, Eddie Howe, qui vient de signer un nouveau contrat à long terme avec les Toons, n'a par exemple pas forcément un carnet d'adresses bien rempli après avoir entraîné Bournemouth de 2012 à 2020. Sans parler du board de NUFC qui tarde encore à se structurer autour de sa directrice Amanda Staveley, dotée d'une faible expérience footballistique.

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Enfin, les Magpies, bien que pilotés par une fortune démentielle, ne peuvent se permettre toutes les folies sur le marché. «Le fair-play financier aura un impact sur nous, continuera de nous toucher, je pense, pendant un certain nombre d’années. Nous n’avons pas les mains libres qui ont peut-être été perçues dans les médias, que nous pouvons aller signer qui nous voulons et payer des honoraires et des salaires exorbitants. Nous ne sommes pas dans cette position et je ne pense pas que nous le serons avant un certain temps. Nous devons être créatifs et intelligents et essayer de faire les bons ajouts avec les contraintes financières que nous avons», rappelait d'ailleurs à ce titre Eddie Howe, présent ce vendredi en conférence de presse. Autant de raisons pouvant expliquer les difficultés rencontrées par Newcastle sur le marché des transferts, et ce malgré le statut du club le plus riche du monde. Une étiquette difficile à porter entraînant, par ailleurs, quelques prix exorbitants demandés par la concurrence. Difficile alors de contredire Ménandre.

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