L2 : Djokovic, Magnussen, Massa… comment Le Mans FC prépare sa nouvelle ère
Ce vendredi, Le Mans FC a accueilli l’arrivée d’un nouvel actionnaire minoritaire : le fonds d’investissement brésilien Outfield, qui sera épaulé par plusieurs stars du sport mondial, dont Novak Djokovic, ou encore les anciens pilotes de F1, Felipe Massa et Kevin Magnussen. Mais concrètement, que signifie cette entrée au capital du club ?

«Une nouvelle ère». Au Mans, c’est de cette façon qu’est perçue l’arrivée d’Outfield au capital du club, soudainement mis sous le feu des projecteurs suite à l’annonce de la participation au projet de Novak Djokovic, mais aussi des anciens pilotes de F1 Felipe Massa et Kevin Magnussen. Ce fonds d’investissement brésilien, qui œuvre déjà au développement de Coritiba, leader de seconde division brésilienne, va faire de la Sarthe son passeport d’entrée en Europe. Un choix qui peut surprendre à bien des égards, mais pas pour le président sarthois Thierry Gomez.
«C’est un fonds d’investissement important et sérieux en Amérique du Sud. Ils ont une expertise dans le domaine du foot avec Coritiba, où ils sont depuis trois ans. Il y a eu un feeling, une rencontre, c’est un travail de longue haleine… Ils ont été très soigneux dans l’étude du club, et on a mis un an pour se fiancer, sourit l’ancien patron de Troyes, qui restera toutefois l’actionnaire majoritaire au club. Ce mariage a du sens, avec la présence de sportifs de haut niveau dans les sports mécaniques. Le Mans est une capitale du sport mondiale, notamment pour ses 24 heures, et le club a aussi une histoire riche avec le Brésil. Il y avait plein de symboles qui rendaient ce mariage évident.»
La formation restera au cœur du projet
Mais pour Thierry Gomez, pas question de partir trop vite en besogne. L’arrivée de ce nouveau partenaire financier marque seulement le début d’un processus au long cours, et il ne faudra pas s’attendre dès cette saison à jouer les premiers rôles en Ligue 2. Cinq ans après son retour dans l’antichambre du football français, le club sarthois se veut plus que jamais prudent : «si on jouera le maintien ? Oui, bien sûr, on vient d’arriver en L2. On est ambitieux, on veut gagner tous les matchs, mais l’objectif, c’est d’en laisser trois derrière», nous confie Thierry Gomez. A priori, il ne faudra pas non plus s’attendre à voir débarquer une vague de joueurs brésiliens dès cet été. «On ne va pas arriver et dépenser 25 millions pour acheter des joueurs. Il n’y aura pas non plus l’arrivée de cinq Brésiliens la semaine prochaine», assure Aymeric Magne à RMC.
Dénicher le futur Grafite ou le futur Tulio De Melo ? Pourquoi pas, mais l’ADN et l’héritage du club ne seront pas bazardés. Poumon économique du Mans FC, la formation restera assurément au cœur de ce nouveau projet. «Au Mans, on a beaucoup d’atouts : des infrastructures formidables, un public formidable, des partenaires qui nous suivent, une super formation… mais on n’avait pas de centre, déplore Thierry Gomez. Tous les ans, nos meilleurs jeunes partent (Bernardeau est parti gratuitement à Nice cet été, ndlr). On veut grandir et retrouver l’agrément. On est un club sain, on a passé la DNCG seul, et l’idée, c’est que ce club soit encore plus grand quand je partirai, et qu’il redécouvre la L1 un jour.»
Pedro Oliveira, co-fondateur du fonds d’investissement Outfield, est en tout cas confiant : «ça fait 10 ans qu’on investit dans de gros clubs au Brésil, en première et deuxième division (Flamengo, Sao Paulo, Coritiba, entre autres). On connaît tous les challenges du football et toutes les difficultés qu’on peut rencontrer, surtout pour un club comme Le Mans. On a souhaité regarder du côté de l’Europe, le plus gros marché football. On a analysé une dizaine de clubs en France, et on a décidé de se rapprocher de Thierry Gomez, au Mans, parce qu’il y fait un très bon travail depuis dix ans. C’est un club stable financièrement, avec une vision à long terme et une volonté de développer des jeunes talents.»
Les super athlètes ne seront pas juste des supers ambassadeurs
Georgios Frangulis, fondateur et PDG d’Oakberry qui accompagnera Outfield dans le projet, entend donc s’appuyer sur l’expertise de plusieurs champions pour faire passer un nouveau cap au Mans. Compagnon de la joueuse de tennis Aryna Sabalenka, numéro une mondial au classement ATP, c’est lui qui a convaincu Novak Djokovic, son ami, d’adhérer à ce projet : «on veut aider à développer la marque et l’héritage sportif de la ville. Le Mans possède un nom unique dans le sport mondial, et le sentiment d’appartenance que le club peut offrir rend ce projet exceptionnel. Novak, Felipe et Kevin le comprennent mieux que personne, et c’est pour ça qu’ils sont si enthousiastes.»
Ces derniers ne seront pas juste des "partenaires financiers", ni même de simples ambassadeurs. A priori, ils seront actifs dans la vie du club, et endosseront un rôle de conseiller. Thierry Gomez a d’ailleurs tendu une perche au Serbe pour qu’il assiste au match de gala organisé pour les 40 ans du club en octobre : «si son emploi du temps le lui permet et qu’il veut fouler la pelouse de Marie-Marvingt pendant quelques minutes, le match pour les quarante ans du club est tout indiqué.» En ce qui concerne le montant de la participation d’Outfield, aucun chiffre officiel n’a été communiqué par Le Mans. Néanmoins, le média Brazil Journal évoquait ces dernières heures un investissement situé autour «de huit à neuf chiffres en reais» (1 000 000 de reais brésiliens équivaut à environ 1,5 M€). Fixé à 8,5 M€ cette saison, le budget du club sera amené à évoluer dans les années à venir. Comme ses ambitions sportives.