Atlético de Madrid-Chelsea : les notes du match

Par Aurélien Léger-Moëc
11 min.
Olivier Giroud célèbre son but face à l'Atlético @Maxppp

Chelsea a réalisé une superbe opération en allant s'imposer 1-0 à l'extérieur (à Bucarest) face à l'Atlético Madrid. Les hommes de Thomas Tuchel ont maîtrisé toute la rencontre et ont été récompensés par un but splendide, un de plus, d'Olivier Giroud.

Suite des huitièmes de finale aller de la Ligue des Champions avec un alléchant Atlético de Madrid-Chelseau au programme ce mardi. Entre un Atlético leader de Liga mais en perte de vitesse et un Chelsea invaincu depuis l'arrivée de Thomas Tuchel sur le banc de touche, l'opposition promettait d'être serrée, et les deux dispositifs à trois axiaux annonçaient aussi la volonté de ne pas encaisser de but. Après une petite frayeur signée Edouard Mendy devant Saul, Chelsea prenait le contrôle du ballon. Pour de longues séquences de possession qui manquaient d'une accélération finale. Ce sont les Colchoneros qui se procuraient même la première grosse occasion avec un centre tendu de Suarez sur lequel Lemar était un poil court (14e). Chelsea répliquait dans la foulée avec un centre de Mount dévié par Werner, qui n'attrapait pas le cadre (15e).

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Le match s'emballait un peu, avec toujours des Blues dominateurs dans la possession, privilégiant le côté droit pour attaquer. Mais peu de ballons parvenaient à Olivier Giroud, titularisé en pointe. Hudson-Odoi multipliait les débordements, face à Lemar utilisé en piston gauche, mais la défense de l'Atlético restait bien en place et repoussait inlassablement. Werner parvenait à réaliser un bel enchaînement accélération-frappe dans la surface mais Oblak veillait (39e). Voilà ce qu'il avait à retenir de cette première période : un Chelsea dominateur dans la possession mais sans génie dans la création, un Atlético positionné très bas qui se contentait de bien défendre et qui proposait peu offensivement, et peu d'occasions à se mettre sous la dent.

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L'Atlético n'a rien proposé

Au retour des vestiaires, le même scénario se mettait en place. Mason Mount réalisait un joli numéro au milieu du terrain avant de lancer Werner mais le centre de l'Allemand était encore intercepté par la défense adverse (52e). Chelsea augmentait l'intensité dans ses enchaînements, mais cela ne suffisait toujours pas. De leur côté, les Colchoneros ne produisaient strictement rien offensivement... La soirée s'égayait subitement avec un retourné victorieux de Giroud, qui était refusé pour hors-jeu. Mais après de longues minutes d'étude dans le car régie, le but était finalement validé et Giroud marquait son 6e but en Ligue des Champions, et quel but (0-1, 71e) !

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L'Atlético, à domicile (enfin, à Bucarest où le match était délocalisé), se devait de réagir et de montrer un visage enfin plus conquérant. Mais il en était visiblement incapable. Surtout, Chelsea semblait particulièrement serein défensivement dans ce schéma qui gomme les défauts de Rüdiger et Christensen et qui met en avant les qualités d'un Azpilicueta particulièrement vigilant. Malgré 6 minutes d'arrêts de jeu, l'Atlético et ses entrants, dont Moussa Dembélé, ne parvenait pas à égaliser. C'est donc une très belle opération réalisée par Chelsea, qui partira favori pour la qualification pour les quarts de finale. Et Thomas Tuchel est toujours invaincu avec son nouveau club.

L'homme du match : Olivier Giroud (6,5) : on s'acheminait vers un 0-0 plutôt triste, lorsque le Français a surgi pour reprendre d'un sublime retourné un ballon mal repoussé par la défense madrilène. Oblak avait beau se détendre, le ballon filait au fond des filets et Giroud pouvait fêter ce but 2 minutes après l'avoir marqué, le temps que l'arbitrage vidéo tranche sur sa validité. Cet éclair de génie dans un match qui en manquait tant offre surtout une victoire précieuse aux Blues en vue du huitième de finale retour. Avant cela, l'attaquant français avait fait ce qu'il pouvait pour survivre au cœur de la défense adverse, jouant essentiellement en remise. Habitué des buts spectaculaires, Giroud pourra ranger celui-là en bonne position. Remplacé à la 87e par Havertz.

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Atlético

  • Oblak (5) : même si son équipe a beaucoup subi, le gardien slovène n’a quasiment rien eu à faire dans cette rencontre. Le peu de travail qu’il a eu a été parfaitement réalisé (7e, 54e). Et pourtant, il a été battu sur la seule frappe réellement dangereuse d’Olivier Giroud. Une soirée frustrante pour l’ancien gardien de Rio Ave.

  • Llorente (5,5) : dans un système où Chelsea était contraint de surexploiter les ailes, Marcos Llorente a été très sollicité. Dans son rôle de piston droit, il s’est chargé de bien contenir les montées de Marcos Alonso. Sa capacité à sortir proprement le ballon et à toujours maîtriser l’espace pour servir Koke ou Saul, a fait du bien et a permis à son équipe de souffler et de ne pas perdre le ballon trop vite après l’avoir récupéré.

  • Savic (4,5) : en retard sur l’homme quelques fois. Il a eu du mal à bien cerner un Timo Werner pas spécialement inarrêtable sur ce match. Quand il devait défendre en un contre un, son manque de vitesse lui a causé des soucis. Mais heureusement pour lui et son équipe, le jeu de l’Atlético fait que très souvent son travail consiste à s’imposer dans les airs en défendant sur des centres ou des coups de pieds arrêtés. Et ça, Savic sait bien faire.

  • Felipe (5,5) : si Chelsea avait le bonheur de passer Savic, c’est Felipe qui s’y collait. Le défenseur brésilien a exécuté sa mission du jour presque parfaitement : étouffer Olivier Giroud sur chaque action et l’empêcher de toucher ne serait-ce qu’un ballon dans la surface. Impérial dans les airs, l’ancien de Porto faisait jouer son expérience dans une physionomie du match encore une fois idéale pour ses qualités. Mais la seule fois où il a manqué de vigilance, Olivier Giroud en profitait pour inscrire un très joli but (71e). Un marquage un peu plus laxiste qui a laissé au Français le temps d'armer sa frappe.

  • Hermoso (4) : des trois centraux de l’Atletico, Mario Hermoso a sans doute été celui qui a été le plus en difficulté. Il n’a pas spécialement été très serein dans ses interventions. C’est d’ailleurs lui qui manquait d’autorité et qui ratait son intervention sur Werner et qui deviait le ballon sur Olivier Giroud sur le but. Une erreur qui a permis au Français de ne pas être signalé hors-jeu et donc d’ouvrir le score. Remplacé par Vitolo à la 84e.

  • Saul (4) : au cœur du jeu, l’Espagnol s’est chargé de lancer la première vague de pressing de son équipe. Très habile balle au pied, son rôle a aussi été d’être toujours propre dans les sorties de balle pour ne pas faire que défendre pendant 90 minutes. Et même si son match n’est pas spécialement raté, on attendait mieux de sa part. Remplacé par Lucas Toreira à la 81e

  • Koke (4,5) : son rôle était globalement similaire à son partenaire du milieu de terrain sauf que Koke avait comme mission d’aussi récupérer des ballons. Un peu plus en retrait, il était la première rampe de lancement de son équipe. Et comme pour Saul, son match n’est pas raté, mais lui aussi, aurait dû mieux faire et surtout être capable de faire ressortir son équipe par moment lorsqu’elle commençait à trop reculer. Mais lorsque le ballon n’est pas dans ses pieds, difficile pour lui de se mettre réellement en valeur.

  • Correa (4,5) : l’Argentin avait un deux missions dans cette rencontre : être capable de bloquer son couloir droit en phase défensive pour épauler Marcos Llorente tout en se projetant rapidement en attaque pour combiner avec Suarez. Alors forcement, Angel Correa a beaucoup couru. Quelques fois, il a manqué de justesse dans sa dernière passe, mais il n’a jamais cessé de proposer et créer des décalages lorsqu’il le pouvait. Dans une équipe qui a beaucoup défendu, difficile de s’illustrer et de garder le rythme tout le match. Remplacé par Moussa Dembélé à la 81e. L’ancien Lyonnais n’a pas réussi à apporter sa présence dans la surface adverse.

  • Lemar (3,5) : de tous ceux sur le terrain, Thomas Lemar est sans doute l’un des joueurs qui a le plus souffert ce soir. Dans un rôle de piston gauche, le Champion du monde français a dû subir une bonne partie du match les assauts de Callum Hudson-Odoi ou Mount. Alors forcément, quand il devait apporter offensivement, il a manqué de lucidité avec des passes imprécises ou des mauvais contrôles. À la pause, l’ancien Monégasque avait déjà parcouru 5,3 km. Pas évident donc de garder en intensité pendant 90 minutes. Il s'est effacé au fil du match.

  • Suarez (4) : l’attaquant uruguayen n’a pas connu sa meilleure soirée sur un terrain de football. Très peu mis dans les bonnes conditions pour s’illustrer en attaque, il a au moins apporté à son équipe puisqu’il a toujours harcelé le porteur du ballon et gêné les relances de Rüdiger ou Christensen. L’ancien du Barça a aussi cette capacité à se créer des occasions à partir de rien (10e, 16e). Il aura tenté comme il peut de s’illustrer entre les trois centraux de Chelsea.

  • Joao Félix (4) : des trois offensifs, Joao Felix est sans doute celui qu’il a eu le plus de difficulté à s’illustrer. Très discret, il n’a pas eu beaucoup de ballon à jouer ni à toucher d’ailleurs. On pourra frissonner une fraction de seconde après sa bicyclette (58e). Mais rien d’autre. Un match difficile pour un attaquant qui aime percuter et toucher des ballons en mouvement. Et c’est d’autant plus frustrant que lorsqu’il a eu plus d’espace avec un bloc plus haut, sa vitesse et son aisance technique ont fait du bien à son équipe. Remplacé par Renan Lodi.

Chelsea :

  • Mendy (4) : une frayeur dès la 2e minute de jeu où il s'est loupé devant Saul. Heureusement, cela n'a eu aucune conséquence. D'autant que dans les minutes suivantes, il n'a vraiment eu rien à faire. Une deuxième frayeur dès la début de la deuxième période et un dégagement, pied gauche, raté dans la foulée. Il n'a pas dégagé une grande sérénité dans son jeu au pied, vous l'aurez compris.

  • Azpilicueta (7) : le capitaine des Blues a encore livré un match intense, plein d'engagement et de détermination. Parfois à la limite dans ses interventions, il a impulsé la bonne agressivité à ses partenaires et a largement contribué à la hauteur du bloc défensif londonien. Impérial d'un bout à l'autre de la rencontre, à l'image d'un dégagement du bout du pied sur un centre à la 90e minute.

  • Christensen (5,5) : il apparaît souvent proche de la rupture, mais ce soir il a tenu son rang sans trembler, ni faire trembler ses partenaires. Pas de fioriture dans les relances, sobres, et une volonté de laisser un minimum d'espace à l'attaquant adverse.

  • Rüdiger (5) : l'élément le moins fiable peut-être de la ligne de trois. Rugueux, à l'image d'un tampon gratuit sur Llorente dès le début de la rencontre, il fait parfois preuve de nonchalance dans la relance, avec quelques ballons mal donnés à ses milieux. Mais il n'a commis aucune erreur défensive.

  • Hudson-Odoi (6) : face au bloc bas de l'Atlético, il a pu se positionner très haut, en collant la ligne de touche. Souvent servi en première période, il a multiplié les débordements et forcé Lemar à beaucoup défendre. Ses centres étaient souvent repoussés par la dense défense adverse. Moins sollicité en deuxième période mais on a pu constater qu'il était impliqué aussi défensivement. Une bonne réponse après les critiques de son entraîneur lors du dernier match face à Southampton. Remplacé par James (80e).

  • Jorginho (6) : il a régné sur le milieu de terrain ce soir. L'international italien a maîtrisé le tempo et a muselé l'entrejeu adverse, avec un placement souvent intelligent. Avec son compère Kovacic, il a débordé d'activité et sa qualité technique, avec de belles transversales pour distribuer, s'est remarquée. Averti en deuxième période pour une faute sur João Felix, il ne sera pas là pour le match retour.

  • Kovacic (6) : comme Jorginho, il a pris le dessus sur le milieu adverse, avec sa fréquence d'appuis et sa qualité de passes pour garder le contrôle. On comprend qu'avec lui plutôt que Kanté, Tuchel privilégie le contrôle, la maîtrise du tempo. Un match plein, même si on pourra lui reprocher un manque de prises d'initiatives. Remplacé par Kanté à la 74e.

  • M. Alonso (5) : beaucoup moins offensif que Hudson-Odoi à droite, le latéral gauche espagnol a surtout bien bouclé son couloir, face à Correa et Llorente notamment. Il a limité ses incursions offensives mais a bien aidé Rüdiger.

  • Mount (5,5) : beaucoup d'activité pour l'Anglais, en soutien de Giroud avec Werner. Si le jeu a penché à droite en première période, c'est parce qu'il évoluait dans cette zone et qu'il ne cachait pas pour réclamer le cuir. Pas timide mais pas spécialement inspiré non plus puisqu'il n'a jamais su soit accélérer subitement le rythme soit réussir le geste technique parfait pour déstabiliser l'arrière-garde. Hormis une accélération au cœur du jeu en début de seconde période, on aurait aimé un grand de folie supplémentaire. Averti dès le début de la rencontre, il manquera le retour. Remplacé par Ziyech à la 74e.

  • Werner (5,5) :s'il a retrouvé un peu de confiance avec Thomas Tuchel, ce n'est pas encore le Werner flamboyant du RB Leipzig. Moins servi que Mount dans les séquences de possession, l'Allemand n'a pas eu beaucoup d'espace pour faire parler sa vitesse. Un bel enchaînement à la 39e minute avec une frappe cadrée, quelques appels tranchants qui n'ont pas pu être récompensés. L'entrée de Ziyech lui a amené des munitions supplémentaires, en contre. Remplacé à la 87e par Pulisic.

  • Giroud (6,5) : lire ci-dessus.

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