La saison cataclysmique d'Everton n'en finit plus !

Par Aurélien Macedo
8 min.
Les supporters d'Everton demandent un départ de la direction @Maxppp

Monument du football anglais, habitué à jouer le haut de tableau, Everton est aujourd'hui dans une crise terrible et peut-être sans précédent au 21e siècle. Les Toffees ont souvent connu des hauts et des bas mais cet exercice 2021/2022 revêt d'un contexte exécrable. Tensions en interne, problèmes de gestion, divergence de planification, coach contesté, résultats chaotiques, les maux sont nombreux pour l'équipe basée à Liverpool. La situation est critique pour une formation qui pointe au 16e rang avec seulement quatre points d'avance sur la zone rouge. Plus que jamais, le club de la Mersey navigue à vue et va devoir vite redresser le cap pour ne pas couler.

Une nouvelle désillusion, une de plus qui pousse Everton dans un cauchemar sans fin. Samedi, les Toffees recevaient Aston Villa avec l'objectif de rebondir. Avec une seule victoire sur les 13 derniers matches de Premier League, il fallait à tout prix retrouver le chemin du succès contre des Villans qui progressent bien avec Steven Gerrard. Malmené et dans une rencontre où son ancien joueur Lucas Digne a été victime d'un jet de bouteille, Everton a perdu sur un but d'Emiliano Buendia (1-0, 45e +3). Un onzième revers en vingt matches de championnat cette saison qui témoigne un peu plus des problèmes rencontrés par l'équipe basée à Liverpool. Rare satisfaction de l'équipe, Demarai Gray faisait un terrible constat à l'issue du match : «je pensais que nous avions montré le désir et le combat, mais ce n'était tout simplement pas le cas. L'énergie était là, nous ne pouvons rien reprocher à notre esprit ou à notre détermination, mais nous manquions de qualité aujourd'hui. Nous devons continuer à travailler et j'espère que nous commencerons à prendre des points. Nous connaissons la position dans laquelle nous nous trouvons. Je pense que nous nous sommes bien battus aujourd'hui et nous avons travaillé dur toute la semaine. Nous sommes évidemment déçus de perdre à nouveau. Nous devons juste nous serrer les coudes et assumer nos responsabilités.»

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L'ailier anglais de 25 ans, arrivé cet été du Bayer Leverkusen et qui compte 5 buts et 2 offrandes en 19 matches de Premier League, estime qu'Everton n'est clairement pas à sa place et qu'il va falloir rebondir au plus vite : «en tant que groupe, ce n'est évidemment pas une bonne sensation d'être dans la position dans laquelle nous nous trouvons. Mais nous devons tous nous remettre en cause, nous n'avons pas d'excuses. Nous devons prendre chaque semaine comme elle vient maintenant. Nous avons de la qualité dans l'équipe, mais nous devons commencer à le montrer. Nous savons dans quelle position nous nous trouvons. C'est difficile pour les joueurs, c'est difficile pour les fans et pour le club en général. Tout ce que nous pouvons faire, c'est repartir, prendre nos responsabilités et nous assurer que nous remettons les choses en ordre.» Dans une situation intenable actuellement, Everton s'est mis seul dans la difficulté. Le club paye son manque de planification et l'absence de stabilité depuis l'époque David Moyes. Cet été, Carlo Ancelotti est parti au Real Madrid seulement un an et demi après son arrivée. Auparavant, Roberto Martinez (2013-2016) avait eu des résultats intéressants, mais cela s'était mal fini. Ronald Koeman (2016-2017) et Marco Silva (2018-2019) ont montré de belles choses avant d'être limogés après une mauvaise série ce qui fait qu'aucun entraîneur n'a vraiment su s'imposer depuis près de 10 ans au sein de l'équipe évoluant à Goodison Park.

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Une planification loin d'être optimale

Depuis février 2016 et l'arrivée de Farhad Moshiri à la tête du club, le phénomène s'est encore accentué. Conservant de gros moyens, Everton n'a pourtant pas fait mieux qu'une septième place depuis son arrivée et n'a de cesse de régresser. Longtemps considéré comme la première alternative au Big Four puis au Big Six, Everton a vu d'autres écuries s'affirmer et même faire mieux qu'eux depuis quelques années. Ainsi, Wolverhampton, Leicester, Aston Villa et West Ham proposent un projet plus cohérent que les Toffees sur les dernières années. Un point commun ? Ils ont misé sur la continuité avec un coach (Nuno Espirito Santo, Brendan Rodgers, Dean Smith et David Moyes) avec qui ils ont développé une forte identité de jeu. Et même après leurs départs (pour Nuno Espirito Santo et Dean Smith), l'équipe a su repartir sur un projet plus ambitieux que ce soit dans le jeu ou dans les résultats. De plus, la politique des transferts est bien établie et répond à des besoins bien spécifiques. Leicester a par exemple multiplié les bons choix avec notamment des coups (James Justin, Jonny Evans, Harry Maguire) ou de gros investissements dans une logique de long terme qui ont rapidement fonctionné (James Maddison, Ricardo Pereira, Youri Tielemans, Wesley Fofana, Boubakary Soumaré ...). Dans la majorité de ses achats, Leicester a vite su valoriser ses joueurs et s'est développé sportivement et économiquement grâce à sa belle planification.

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Malgré plus de 620 millions d'euros dépensés sur les six dernières saisons, Everton n'a eu de cesse de voir son classement en Premier League se dégrader. Directeur du football au sein du club depuis 2018, Marcel Brands a été limogé en décembre dernier. Si certains de ses choix ont été critiqués et n'ont pas été payants, il avait été promu de façon surprenante à la tête du conseil d'administration du club en 2019 et avait été prolongé en avril 2021. Ainsi c'était un homme pourtant bien installé dans la vie du club qui a été viré de façon surprenante. Quelques semaines plus tard, deux pistes développées depuis longtemps par le Néerlandais ont vu le jour puisque Nathan Patterson et Vitaliy Mykolenko ont rejoint Everton. Ce dernier est d'ailleurs venu pour prendre la place de Lucas Digne dont Rafa Benitez ne voulait plus. Lucas Digne est parti à Aston Villa et trois jours plus tard, le technicien espagnol a été limogé. Pourtant précieux à Everton depuis son arrivée à l'été 2018, Lucas Digne a été vendu pour répondre aux demandes d'un coach dont la tête a été coupée dans la foulée. Des éléments qui prouvent encore plus l'absence de ligne directrice concrète du côté de Goodison Park.

L'échec Rafa Benitez

Cet été, les Toffees ont voulu prendre le temps après le départ de Carlo Ancelotti et ont misé sur Rafa Benitez pour redéfinir leur projet. L'entame était intéressante avec trois victoires et un match nul pour débuter la saison. Et même si Rafa Benitez était décrié pour son passé d'ancien coach de Liverpool (entre 2004 et 2010), les résultats apportaient un brin de calme. Des joueurs comme Abdoulaye Doucouré, les recrues Demarai Gray et Andros Townsend ainsi que le jeune Anthony Gordon ont vite montré de bonnes choses, mais le duo magique Dominic Calvert-Lewin - Richarlison ne répondait plus. Le premier a multiplié les blessures et même s'il était bon quand il a joué (3 buts en 6 matches), il a manqué la compétition de septembre jusqu'à fin 2021 a fait son retour seulement le 2 janvier dernier. Pour Richarlison qui a connu des blessures également (4 buts et 2 offrandes en 13 matches), la crise de confiance s'est aussi fait ressentir. Ne trouvant pas la formule et s'enfonçant dans la crise inéxorablement, Rafa Benitez a été licencié le 16 janvier dernier après une ultime défaite contre Norwich City (2-1).

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Désormais, l'intérim est assuré par Duncan Ferguson en attendant de trouver un nouveau coach capable de s'inscrire dans la durée. Ainsi, que ce soit Rudi Garcia, Frank Lampard, Wayne Rooney, Graham Potter, Roberto Martinez, José Mourino ou encore Fabio Cannavaro ont été évoqué en vain. Dernière piste, le portugais Vítor Pereira semblait être le favori pour prendre le poste, mais il est déjà désavoué du côté de Goodison Park. Double champion du Portugal avec Porto (2012 et 2013), champion de Grèce avec l'Olympiakos (2015) et de Chine avec le Shanghai SIPG (2018), celui qui était adjoint d'André Villas-Boas à Porto lors du triplé de 2011 dispose d'un beau CV. Néanmoins, sa carrière est assez exotique avec des passages décevants comme au Fenerbahçe récemment ou au TSV 1860 Munich, où son bail aura conduit à la relégation du club bavarois. Loin d'être rassurés, les supporters d'Everton sont assez circonspects de la situation de leur club comme les observateurs locaux. Consultant, Gary Neville avait donné son opinion dans le Monday Night Football.

Et maintenant le flou...

Dans ce podcast, il explique qu'il s'attendait à l'échec Rafael Benitez, mais que celui-ci est arrivé très rapidement et a exposé des problèmes beaucoup plus profonds au sein d'Everton : «je pensais juste que Rafa Benitez était le mauvais choix pour Everton, je l'ai dit publiquement, je ne pensais pas que cela fonctionnerait à long terme, mais je pensais qu'il serait un bon entraîneur d'Everton. Un bon entraîneur d'Everton. Il les rendrait difficiles à battre, ils joueraient directement. Ils seraient résilients. Presque à la Moyes et à la manière historique d'Everton. Je pensais que ça pourrait mal tourner un jour. Je ne pensais pas que ça tournerait aussi mal que ça. Ce n'est pas quelque chose de nouveau, mais l'idée qu'ils ont vendu Digne quelques jours avant de limoger le manager. Encore une fois, c'était juste une décision vraiment étrange. Si vous allez virer le manager d'un club de football, vous gardez les joueurs jusqu'à ce que vous l'ayez viré. Au moins pour laisser votre nouveau manager entrer et prendre sa propre décision.»

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«C'était une décision obscure qui vous dit que le club ne fonctionne pas bien dans les coulisses, mais ce n'en est qu'une énorme démonstration. Ils ne sont pas reliés entre eux, les points ne sont pas reliés. Ce serait généralement un problème parce que cela signifie simplement qu'il n'y a pas le fil d'en haut nécessaire pour créer une bonne structure de football et un bon projet de football. Je ne sais pas où ils vont d'ici maintenant» a-t-il poursuivi. Pointant à la 16e place de Premier League, Everton comptabilise 3 points d'avance sur Norwich City (17e, 2 matches en plus), 4 longueurs sur Newcastle United (18e, 1 match en plus), 5 points sur Watford (19e) et 7 longueurs sur Burnley (20e, mais qui dispose de 2 matches de retard. La situation commence à devenir critique, surtout que le ventre mou commence doucement à s'éloigner. Une bonne série de résultats pourrait vite donner de l'air aux Toffees mais si on excepte une victoire contre Arsenal (2-1) le 6 décembre dernier, il faut remonter au 25 septembre et un succès 2-0 face à Norwich City pour trouver la trace d'un autre succès d'Everton. Complètement perdu, Everton ne sait pas où il va. Il va falloir vite revenir sur le bon chemin et trouver un fil conducteur. Le cas contraire, le chemin pourrait peut-être même être tortueux et conduire à la Championship ...

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